| En trente-neuf, cette année-là
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| On commençait de faire la guerre
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| Moi, j'étais trop petite, je ne comprenais pas
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| Ce que c'était la guerre
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| Je regardais les fleurs et l’eau de la rivière
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| Ou je jouais aux caches sur la place aux ormeaux
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| Sur la place aux ormeaux
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| Il n’y avait plus de fêtes, plus de bals populaires
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| Il n’y avait plus qu' des vieux sur la place aux ormeaux
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| Sur la place aux ormeaux
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| On prenait Radio Londres en cachette, derrière
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| L’ombre de nos rideaux
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| Tandis qu’on découpait la France en deux morceaux
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| Et puis, ce fut enfin
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| L’année quarante-cinq
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| En quarante-cinq, cette année-là
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| On finissait de faire la guerre
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| Moi, qui avais grandi, je ne comprenais pas
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| Pourquoi faire la guerre
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| Je regardais les fleurs et l’eau de la rivière
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| Des garçons m’embrassaient sur la place aux ormeaux
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| Sur la place aux ormeaux
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| Y avait des bals partout, plein de bals populaires
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| On célébrait des noces sur la place aux ormeaux
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| Sur la place aux ormeaux
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| On prenait le soleil, s’enivrait de lumière
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| On tirait les rideaux
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| Tandis qu’on arrangeait l’Europe en plusieurs lots
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| La guerre était finie
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| Oui, mais enfin, depuis
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| Depuis ce temps, tout ce temps-là
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| On continue de faire la guerre
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| Et moi, qui suis adulte, je n' comprends toujours pas
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| Pourquoi faire la guerre
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| Alors qu’il y a des fleurs, des oiseaux, des rivières
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| Et des enfants qui s’aiment sur la place aux ormeaux
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| Aujourd’hui, il fait beau
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| Aujourd’hui, mais demain se pourrait-il sur Terre
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| Qu’un paradis se meure et nous fasse défaut
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| À tout jamais défaut?
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| Plus d’enfants au soleil, plus de paix sur la Terre
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| Plus de fleurs, plus d’oiseaux
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| Mais ce n’est pas possible, il fait tellement beau
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| Aujourd’hui, tellement beau
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| Sur la place aux ormeaux
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| Tellement beau |