Información de la canción En esta página puedes encontrar la letra de la canción Monsieur Vénus, artista - Juliette.
Fecha de emisión: 07.06.2015
Idioma de la canción: Francés
Monsieur Vénus |
Je viens dans cette chambre m'étendre auprès de toi |
Beau cadavre qui râle au gré de mes délices |
Douce chair embaumée et blanche comme ce lys |
Qu’avant l’amour j’ai mis sur ton long torse froid |
Je ne suis pas un monstre mais une fille douce |
Que le désir des hommes jamais n’intéressa |
Je voulais être un autre et toi, vice versa |
Tu avais tout l’attrait des belles garces rousses |
Oui, roussot, tu l'étais, dans tes roses en satin |
Expert en fleurs factices, toi l’Hercule Farnèse |
C'était, il m’en souvient, en l’an quatre-vingt-treize |
Alors je décidai de tordre nos destins |
Tu acceptas le jeu, les chapeaux, les voilettes |
Les bijoux, les parfums, la soie, le chinchilla, |
L’hôtel particulier, les bouquets de lilas |
Et que je te vis nu, choisissant tes toilettes |
Que dire de nos étreintes qui puisse être entendu? |
Réinventant l’amour, nous n’avions pas de normes |
Moi l’homme et toi la femme, ce rien était énorme |
Et pour te prendre, rien ne semblait défendu |
Échangeant nos deux rôles dans notre mise en scène |
À toi la bouche peinte et les seins maquillés |
Les longues pâmoisons dans les blancs oreillers |
J’avais, moi, la cravache et les ordres obscènes |
Mais il y avait un homme qui m’aimait sans retour, |
Un officier glorieux et droit comme une tige, |
Il nous surprit un soir et connut le vertige |
De voir comment bifurquent les chemins de l’amour |
Or, de quel crime étais-je la plus coupable en somme |
Celui de le tromper pour un de ses pareils |
Ou celui d’adorer l'équivoque merveille |
Face aux appas de qui il se sentait moins homme? |
Il exigea qu’en duel l’affront se terminât |
Et c’est moi qu’il convia à payer nos audaces |
Mais dans le petit jour, c’est toi qui pris ma place |
Qui pris mon habit noir et c’est toi qu’il tua |
Alors je m’en fus chez un grand taxidermiste |
Qui t’embauma, mon cher, qui t’articula |
Mit des reliefs ici et des béances là |
Faisant de tout ton corps un rêve mécaniste |
Voilà pourquoi je peux, lorsque s’enfuit le jour, |
M'étendre auprès de toi, ma virile amoureuse |
Dans le parfum qui sied, phénol et tubéreuse |
Et, mort, te posséder de mon vivant amour |
Qui peut me condamner? Le coeur est un rébus |
L’amour est un désordre et rien ne le commande |
Il reste obscur et muet, si d’aucuns lui demandent |
Qui de toi ou de moi était Monsieur Vénus. |