| Il coupe sec la radio, il n’a pas dormi de la nuit
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| À l’arrière on se moque de lui, ça fait pas longtemps qu’il conduit
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| Mais rentrer de boîte en caisse, c’est toujours mieux que prendre le bus
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| En matant dans le rétro, il aperçoit une belle voiture de luxe
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| Il en est fier de sa voiture, personne ne l’a encore rayée
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| Il en est fou, elle le rassure, mais il ne l’a pas encore payée
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| Elle séduit les crédules, lui rembourse le crédit
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| Mais vaut mieux ça, qu’une caisse pourrie comme celle à côté de lui
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| Y’a celle qui vit dedans, elle est chez elle donc elle a tout son temps
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| Une grande couette dans le coffre et toute sa vie dans la boîte à gants
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| Elle a perdu son appart', lui reste juste sa Clio
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| Sa vie en feux de détresse, mais personne ne remarque ses cligno'
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| Un jeune homme se sent très mal sur cette route bouchée
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| Car sa femme l’attend à l’hôpital, elle est en train d’accoucher
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| Son téléphone sonne, il décroche et son visage s'éclaire
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| Le jeune homme est devenu père
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| Sur la route toute l’année, les bouchons il les affronte par millions
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| À Noël, son sapin jaune décore le camion
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| De Marseille jusqu'à Lyon, de Toulouse jusqu'à Tours
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| Sa femme elle est là si ça va mal, comme sa roue de secours
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| Restez connecté on vous donne plus d’info sur…
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| Le bouchon, le le le bouchon, on rame, on râle, on rage dans le bouchon
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| Le le le Bouchon, le le le bouchon, on roule, on tourne, on tousse dans le
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| bouchon
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| Le le le Bouchon, le le le bouchon, on rit, on crie, on prie dans le bouchon
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| Le le le Bouchon, le le le bouchon et bien souvent nos vies ressemblent à ce
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| bouchon
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| Le le le bouchon
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| Elle est plus vielle que sa vielle Ford, mais elle conduit encore
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| Une photo d’son petit fils, posé sur le tableau d’bord
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| Elle repense à sa vie, en retouchant sa coiffure
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| Car elle sait bien que l’corbillard n’est qu'à quelques voitures
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| Aller, avance, la vielle putain, pourquoi ça va pas plus vite?
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| Comme sa voiture familiale, elle va péter une durite
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| «Maman on arrive quand ?» |
| Son fils est surexcité
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| Le p’tit fait des grimaces en fixant la voiture d'à côté
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| Il a bien vu l’gamin, mais rien ne l’fera sourire
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| Une Renault grise comme son teint, accompagnée d’un soupir
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| Elle est partie pour un autre homme, une autre conquête
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| Il sent encore son parfum sur le revêtement d’la banquette
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| Il en a marre d'être coincé ici, des kilomètres de ligne
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| Il est en bout d’file, sourcils froncés, visage bouffi
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| Il veut retrouver sa télé et son canapé en cuir
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| Tout ça à cause d’un connard qui ne sait pas conduire
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| À la radio, la vieille entend aux infos qu’une petite fille a été oubliée
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| pendant l’bouchon, dans une station service
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| Derrière elle, énervée et concentrée, la mère de famille ne se rend pas compte
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| qu’il reste un siège vide à côté de son fils
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| Le jeune conducteur a encore pris une cuite la veille
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| Il ne sait pas que le corbillard est plus proche de lui que de la vieille
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| Le routier fait ses derniers kilomètres, sa dernière semaine, ensuite il part à
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| la retraite, aux côtés de la femme qu’il aime
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| Sous le siège troué de celle qui a son auto comme lit
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| Se cache un ticket de loto gagnant, qui va changer sa vie
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| Le faux riche qui s’ment et qui la dévisage d’un air sûr
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| Ne se doute pas qu’dans pas longtemps, ils échangeront leurs voitures
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| L’amoureux déçu qui lit encore et encore sa dernière lettre
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| Ne sait pas qu’elle est aussi dans l’bouchon et qu’elle regrette
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| L’homme qui râle contre le connard qui fait d’son aprem' un enfer
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| Saura plus tard que c’est son frère qui a percuté une barrière
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| Son enfant pourrait devenir routier
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| Mère de famille, sans femme, sans emploi
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| Avoir des chaînes en or ou dormir dehors, seul sans un toit
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| Mais il y a une chose dont le jeune père est sûr
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| Le premier cadeau qu’il lui fera sera une p’tite voiture |