| J’ai tâché des cahiers
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| J’ai écrit dans la marge
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| J’y ai même dessiné
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| En rouge, le vent du large
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| J’passe pas entre les doutes
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| J’accepte les averses
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| Et plutôt que les routes
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| Les chemins de traverse les chemins de traverse
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| Je ne savais même pas
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| Qu’il y avait un sens
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| Et que des postulats
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| Guidaient nos existences guidaient nos existences
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| J’ai imaginé ces traits que j’aurais sans cet engagement
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| Perdu cet attrait pour ce qui me rapproche de leur rivage
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| J’entends que seule une vie sans âme ne peut rencontrer de tourment
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| Que le temps guéri les hommes, mais rarement le mal de l'âge
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| Pour nous briser ce monde, ou bien resterons-nous sur place
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| Mais sachez que plus nous serons, et moins nous serons dans cette petite marge
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| Alors bienvenue à vous, et si votre cœur vous en dit
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| Entrez dans la matrice des artistes peu compris
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| Bienvenue à vous
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| Si je remplis toujours la marge une fois le texte fini
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| C’est pour y poser quelques mots-clés quand le reste de la page n’est plus
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| guère lisible
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| Pour ne jamais laisser d’espace à ces grossiers escrocs qui prétendraient
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| devoir me coter
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| Me rappeler qu’on est libre même en champ restreint
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| Que par essence, un esprit digne demeure clandestin
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| Parce que les chemins les plus empruntés ne sont pas forcément ceux qu’il faut
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| prendre
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| Et qu’ils veulent nous faire croire qu’il n’en reste qu’un
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| Être en marge n’est pas un plaisir, ni une fin en soi
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| Je la sens comme se rétrécir à mesure que j’avance
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| Mais où vais-je écrire si je n’ai plus le moindre endroit?
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| Je devrai quitter la feuille et rimer dans un autre espace-temps
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| Que serait ce livre sans nom, sans héros, sans début ni fin
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| Que seul peut réciter un chanteur muet
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| Le silence comme unique musicien
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| Qui jouera comme on peut désirer la splendeur suprême?
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| Pas de chemins tracés
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| Je vais où ça me chante
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| Chercher ma vérité
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| Dans la tourmente
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| Bienvenue à vous
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| Bienvenue à vous là où la rue s’aguiche
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| Où l’ouvrier se targue d’avoir une vie d’artiste sans artifice
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| Certifie que le monde se part de tellement de fautes au départ qu’on y retrouve
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| que peu d’instruits
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| Au-delà de l'âge, je suis traumatisé
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| Oubliez des autres je reste assis sur mes souvenirs
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| Perdu dans les limbes de leur psychanalyse
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| Entrez donc si vous ne savez que faire de vos désirs
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| Mais sachez que je vous déteste vous qui vous dites honnêtes
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| Mais qui de vous peut prétendre être en paix dans son mal-être?
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| Trop d’allégeance donc, à l'écart, je reste
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| Je pesterai en silence si le peuple me le permet
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| Alors à suivre les regards, on se demande qui nous enterre et qui l’on perd nous
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| En ces temps de merde on devient ce qu’on devrait être
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| J'écris à l'écart des lignes, prie que l’on en soit digne
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| Vise au-delà des rimes, ils rient que nos rues dépriment
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| Peu importe la force du torrent
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| Je pagaie toujours à contre-courant
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| Bienvenue à vous dans nos vies de marginaux
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| Jamait, Scylla, Eska, bienvenue à vous |