| Timidement, les yeux baissés
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| Elle est venue, la fiancée
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| Dedans l’appartement de l’homme
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| Elle est là pour lui faire plaisir
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| Et pour répondre à son désir
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| Elle est là pour l’amour, en somme
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| Il lui a dit: «Je t’aime
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| Viens donc chez moi»
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| Elle lui a dit: «Je t’aime»
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| Et la voilà
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| Elle est entrée et elle a vu
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| Le lavabo blanc et la rue
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| Pâle et grise par la fenêtre
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| Des journaux, des mégots partout
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| Elle a senti comme un dégoût
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| Mais elle n’a rien laissé paraître
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| Il lui disait: «Je t’aime
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| Assied-toi là»
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| Elle lui disait: «Je t’aime
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| C’est beau chez toi»
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| Puis il a dénoué ses cheveux
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| Déboutonné sa robe bleue
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| Il a embrassé sa médaille
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| Puis il est entré dans son corps
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| Et encore, encore et encore
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| Il lui a fait comme une entaille
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| Il lui disait: «Je t’aime»
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| Du bout des doigts
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| Elle répondait: «Je t’aime
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| Enfin… je crois»
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| Elle a fait ce qu’il lui a dit
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| Elle a pleuré, puis elle a ri
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| Puis elle a fait semblant de geindre
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| Il était content, si content
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| Il n’avait pas perdu son temps
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| Il aurait eu tort de se plaindre
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| Il lui criait: «Je t’aime
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| Caresse-moi»
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| Elle répétait: «Je t’aime»
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| Mais elle avait froid
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| Puis elle a renoué ses cheveux
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| Reboutonné sa robe bleue
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| Elle a rajusté son corsage
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| Puis elle est rentrée dans l’hiver
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| Avec son jupon de travers
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| Fin prête pour le mariage
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| Avec un goût amer
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| Dans ses pensées
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| Elle a étreint sa mère
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| La fiancée. |