| Je suis né tôt ce matin, juste avant que le soleil comprenne
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| Qu’il va falloir qu’il se lève et qu’il prenne son petit crème
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| Je suis né tôt ce matin, entouré de plein de gens bien
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| Qui me regardent un peu chelou et qui m’appellent Fabien
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| Quand le soleil apparaît j’essaie de réaliser ce qu’il se passe
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| Je tente de comprendre le temps et j’analyse mon espace
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| Il est 7 heures du mat' sur l’horloge de mon existence
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| Je regarde la petite aiguille et j’imagine son importance
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| Pas de temps à perdre ce matin, je commence par l’alphabet
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| Y’a plein de choses à apprendre si tu veux pas finir tebê
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| C’est sûr, je serais pas un génie mais ça va y’a pire
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| Sur les coups de 7 heures et demie j’ai appris à lire et à écrire
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| La journée commence bien, il fait beau et je suis content
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| Je reçois plein d’affection et je comprends que c’est important
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| Il est bientôt 9 heures et demie et j’aborde l’adolescence
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| En pleine forme, plein d’envie et juste ce qu’il faut d’insouciance
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| Je commence à me la raconter, j’ai plein de potes et je me sens fort
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| Je garde un peu de temps pour les meufs quand je suis pas en train de faire du
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| sport
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| Emploi du temps bien rempli, et je suis à la bourre pour mes rencards
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| Putain la vie passe trop vite, il est déjà 11 heures moins le quart
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| Celui qui veut me viser, je lui conseille de changer de cible
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| Me toucher est impossible, à 11 heures je me sens invincible
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| Il fait chaud, tout me sourit, il manquait plus que je sois amoureux
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| C’est arrivé sans prévenir sur les coups d'11 heures moins 2
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| Mais tout à coup, alors que dans le ciel, y’avait pas un seul nuage
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| A éclaté au-dessus de moi un intolérable orage
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| Il est 11 heures 08 quand ma journée prend un virage
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| Pour le moins inattendu alors je tourne mais j’ai la rage
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| Je me suis pris un éclair comme un coup d'électricité
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| Je me suis relevé mais j’ai laissé un peu de mobilité
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| Mes tablettes de chocolat sont devenues de la marmelade
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| Je me suis fait à tout ça, appelez moi Grand Corps Malade
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| Cette fin de matinée est tout sauf une récréation
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| A 11 heures 20 je dois faire preuve d’une bonne dose d’adaptation
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| Je passe beaucoup moins de temps à me balader rue de la Rép'
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| Et j’apprends à remplir les papiers de la Cotorep
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| J’ai pas que des séquelles physiques, je vais pas faire le tho-my
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| Mais y’a des cicatrices plus profondes qu’une trachéotomie
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| J’ai eu de la chance je suis pas passé très loin de l'échec et mat
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| Mais j’avoue que j’ai encore souvent la nostalgie de 10 heures du mat'
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| A midi moins le quart, j’ai pris mon stylo bleu foncé
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| J’ai compris que lui et ma béquille pouvaient me faire avancer
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| J’ai posé des mots sur tout ce que j’avais dans le bide
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| J’ai posé des mots et j’ai fait plus que combler le vide
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| J’ai été bien accueilli dans le cercle des poètes du bitume
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| Et dans l’obscurité, j’avance au clair de ma plume
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| J’ai assommé ma pudeur, j’ai assumé mes ardeurs
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| Et j’ai slamé mes joies, mes peines, mes envies et mes erreurs
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| Il est midi 19 à l’heure où j'écris ce con d’texte
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| Je vous ai décrit ma matinée pour que vous sachiez le contexte
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| Car si la journée finit à minuit, il me reste quand même pas mal de temps
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| J’ai encore tout l’après-midi pour faire des trucs importants
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| C’est vrai que la vie est rarement un roman en 18 tomes
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| Toutes les bonnes choses ont une fin, on ne repousse pas l’ultimatum
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| Alors je vais profiter de tous les moments qui me séparent de la chute
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| Je vais croquer dans chaque instant, je ne dois pas perdre une minute
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| Il me reste tellement de choses à faire que j’en ai presque le vertige
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| Je voudrais être encore un enfant mais j’ai déjà 28 pijes
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| Alors je vais faire ce qu’il faut pour que mes espoirs ne restent pas vains
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| D’ailleurs je vous laisse, là c’est chaud, il est déjà midi 20 |