| L’homme était français, la femme était russe
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| Tous deux voyage aux États-Unis
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| Tous deux attendaient le même autobus
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| Presque sans bagages, comme des sans-abri
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| Ils se composaient dans le terminus
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| Un nouveau langage bizarrement joli
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| Presque du français et presque du russe
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| Et l’anglais d’usage qu’ils avaient appris
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| Au fil du trajet, dans le processus
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| Du bon bavardage qui se pervertit
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| Le couple savait qu’il s’agirait juste
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| D’un truc de passage voué à l’oubli
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| L’homme était français, la femme était russe
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| Leurs deux cœurs volages n’avaient qu’une envie
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| Lui s’imaginait délivrer le buste
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| De l'épais corsage à demi rempli
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| Elle se retenait d’explorer les muscles
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| De ce corps sauvage de mâle aguerri
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| Il y eut deux arrêts puis un terminus
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| Un sac de couchage pour deux corps unis
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| Au matin dormaient l’homme et sa Vénus
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| Tous deux en otages de l’autre endormi
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| Mais dans le respect de leur consensus
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| L'éventuel chantage n'était pas permis
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| L’entente voulait qu’ce soit jamais plus
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| Qu’un truc de passage voué à l’oubli
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| L’homme était français, la femme était russe
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| Sans enfantillage, tous deux ont repris
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| Chacun leur trajet et leur autobus
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| Tous deux le visage un peu déconfit
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| La femme chassait le souvenir robuste
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| De son court voyage aux États-Unis
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| Alors que germait dans son utérus
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| Un truc de passage voué à l’oubli |